Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/263

Cette page n’a pas encore été corrigée

à Grenoble, ou, pour mieux dire, à Claix. Je suis enchanté de mon idée, je rentre chez moi ; j'écris à mon papa, j'écris à toi ; je fais un paquet de mes deux lettres et je le donne au portier pour le porter â la poate. J'étais si content du plaisir que j'aurais à te voir et le reste de la famille, que j'étais encore à Paris à cinq heures ; je prends un cabriolet, j'arrive a Àuteuii à six heures pour dîner ; il y avait grand monde. Je ne puis dire mon projet à Adèle qu'à sept heures ; là-dessus, elle va dire à sa mère : « Vous ne savez pas ? M. Beyle nous quitte et s'en retourne à Grenoble ». Là-dessus, la mère jette un cri, je m'ap­proche, je lui conte la chose en détail : elle ne veut point se rendre quoique je lui dise que par ma lettre je demande la permis­sion de revenir pour le 1er brumaire ; elle dit que je ne reviendrai pas de l'hiver, que c'est une affaire faite, que jamais on ne me laissera revenir, que je me laisse trop mener pour avoir le courage de partir. Enfin, elle fait tant que je viens tout cou­rant à Paris, ne sachant comment reprendre mes lettres à la poste et fort inquiet de l'effet qu'elles produiraient à Grenoble, si je ne pouvais les reprendre. Heureusement, mon portier avait calculé qu'il suffisait qu'elles y fussent à midi le lendemain et, là-dessus, les avait bravement gardées.