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pour cela que le vulgaire le loue ; il ne dit rien d'Alfieri, qui lui fait peur.

Mais sortons de là : que fais-tu ? écris-moi souvent ; aide-moi à connaître les mœurs provinciales et les passions ; décris-moi les mœurs de chez mademoi­selle Lassaigne. J'ai besoin d'exemples, de beaucoup, de beaucoup de faits ; écris-vite comme moi, sans chercher la phrase. Le premier des mérites, même pour qui veut faire de l'éloquence (dans ce siècle-ci) est la simplicité. Donne-moi donc beaucoup, beaucoup de faits ; tu me feras le plus sensible plaisir ; tu m'aideras à me corriger de mes folies ; j'étais bien fou l'année dernière : je faisais comme beau­coup d'autres, je jugeais les autres d'après moi, j'oubliais la vanité. J'ai enfin connu cette passion, si générale en France cette année ; le premier de ses heureux effets a été de me faire abandonner la décla­mation, par laquelle je l'offensais régu­lièrement cinq ou six fois par mois, en public ; le second a été de me faire aban­donner l'amour.

Contribue donc à me faire connaître les femmes, je compte beaucoup sur toi pour cela ; commence tout de suite : des faits ! des faits ! donne un nom en l'air par exemple, pour FI... du CL. : Superba ; donne-moi la liste de ces noms et va en