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joué tous les jours ; voilà le caractère que l'on trouvait à chaque instant, en 1780, à Paris ; actuellement, il n'est que sur le second rang ; le premier est occupé par le Tartufe de sentiments tendres. Ce carac­tère est plus général, parce qu'il a les femmes pour lui, au lieu que le premier n'avait que celles qui avaient jeté leur bonnet par-dessus les moulins.

Le Tartufe de Molière existe encore sous les traits de Geoffroy, de Fiévée, de Wailly, peut-être de Chateaubriand *■ ; La Harpe en était un bien comique.

Voilà, ma chère Pauline, quatre pages de philosophie que je viens d'écrire sur du papier à lettres, au lieu de les mettre sur mon cahier ; j'avais besoin de trouver une vérité nouvelle, et voilà le chemin pour y parvenir : beaucoup d'exemples. Dès qu'on s'en écarte, on tombe dans les systèmes, on rêve, et ceux qui vous écoutent se moquent de vous. C'est ce qui, de nos jours, est arrivé à Montesquieu et à Bufîon ; Rousseau a aussi un peu donné dans la même erreur ; le premier a, je crois, erré par lâcheté, le second par un peu de vanité, ie troisième presque toujours de bonne foi. Montesquieu flatte les tyrans ; c'est

1. Ce nouveau Tartufe que Beyle rêvait d'écrire en ridi­culisant Geoffroy et Chateaubrlind, c'est son LeUUUr dont on trouvera toutes les ébauches dans le Thêdtrs.