Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/243

Cette page n’a pas encore été corrigée

69. — A

A SA SŒUR PAULINE

20 Thermidor an XII [Mercredi, S Août 1804.]

Ma chère Pauline, je t'écris avant de me coucher à A... deux mots sur Gaétan.

L'esprit tient beaucoup à l'imagina­tion ; tâchons de faire que Gaétan désire fortement de venir à Paris ; si nous avons une fois cette passion, c'est une force qu'il ne s'agit plus que de diriger. Alors, en lui montrant la vérité : que les grands talents sont ici, depuis notre heureuse Révolu­tion, le plus court chemin pour parvenir, nous les lui donnerons ; et je crois que le bonheur tient beaucoup aux grands ta­lents. Au point de civilisation où nous en sommes, un homme â talent est respecté à Londres, Paris, Madrid, Vienne, Saint-Pétersbourg, etc., etc., et il trouve tou­jours son bonheur en lui-même. Lors-qu'Alfieri faisait une de ses immortelles tragédies, qui pouvait lui ôter la satisfac­tion infinie qu'il trouvait à faire parler les hommes qui se sont jamais le plus rap­prochés de la divinité, les Brutus, les Timo-