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J'ai de grandes peines d'âme en ce moment : madame de [Nardon]va mourir; cela n'a pas besoin de commentaires.

Comme il faut me distraire de cette pers­pective cruelle, et qu'on ne peut guère réfléchir lorsqu'on est efflieé, je me suis mis à étudier l'histoire ; je bénis Flieureux hasard qui m'y a porté : j'ai trouvé une bonne manière de l'étudier, et cela par une conséquence de cette maxime qui est en gros caractères sur ma cheminée : « Quand un homme te parle, fais-toi avant tout ces questions : 1° Quel iniérêi a-t-il à le parler ? 2° Quel intérêt a-i-il â te parler dans ce sens ? Ne le crois que quand il a intérêt à le dire la vérité. »

J'ai besoin de m'inculquer ces maximes ; car mon caractère passionné m'en éloigne sans cesse, je suis toujours porté à croire les gens que j'aime. Mais je vois, chaque jour, qu'il n'y a point de bonheur sans connaissance de la vérité. Crois cela et agis en conséquence.

Au reste, je reviens de plus en pins sur la nécessité de la discrétion. On peut dire ce qu'on veut ici ; il n'en est pas de même parmi les sots provinciaux.

Lis beaucoup mes lettres à Gaétan ; je prends beaucoup d'intérêt à cet enfant ; je me suis fait une règle de n'aimer que les gens vertueux ; avec les autres, je tâche de