Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/227

Cette page n’a pas encore été corrigée

cœur (celui où règne le plus fortement l'amour de ce qu'il appelle la vérité) ne peut faire que peu de bien, quand il ne sera pas joint à une bonne tête qui lui aura dit ce que c'est que la vertu véri­table. (La vertu est le désir de rendre les hommes aussi heureux qu'il vous est possible.)

Louis XII, par exemple, n'avait pas une tête digne de son cœur ; le divin Brutus (Marcus) n'avait pas peut-être un meil­leur cœur, mais il avait une bien meil­leure tête, c'est-à-dire pleine de bien plus de vérités l.

J'appelle vérité l'énoncé de ce qui est. Il y a des vérités plus ou moins complètes : une vérité aussi complète que possible est une description complète d'une chose.

Par exemple : la vérité complète sur tout ce qui n'est pas vivant à Grenoble (la maison, les arbres) serait celle d'après laquelle un dieu tout-puissant pourrait bâtir un nouveau Grenoble exactement semblable et égal au Grenoble où tu es.

Lorsque deux vérités semblent se con­tredire, c'est qu'elles ne sont pas complètes;

1. Cette opposition de la tête et du oœur se retrouve à chaque page des Penaêes ou ÏUoêofia noua que dans le même temps Beyle rédigeait pour lui-même, les mêmes exemples y pont donnés. Toutes les lettres à Pauline de cette époque reflètent ainsi, résument et paraphrasent les préoccupa­tions philosophiques de Beyle et ses travaux personnels.