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par la petite porte de l'enclos et allant manger des raisins à la vigne des Louvates ; en remontant, tu donnes la main au bon Gaëtan qui est tout étonné d'avoir plus de peine à monter qu'à descendre. Un autre jour, tu vas avec le papa te prome­ner à Doyatières1 ; tu admires de là la charmante vue de la plaine de Claix, et, dans le lointain, celle des montagnes et du fond de la vallée. Dis-moi comment vont tes lapins, s'il y a un chien à la mai­son et si les abeilles prospèrent. Dis-moi aussi si tu lis quelques livres ; fais-moi part des réflexions que ta lecture t'aura suggérées. Mais pour tout cela il faut faire une longue lettre, et lorsque la chère Pauline écrit une demi-page, en gros ca­ractères, elle s'imagine avoir fait une lettre comme celles de M. de Caulets, l'ancien évêque de Grenoble, qui n'avaient que sept à huit volumes in-4o. On dit que tu ne fais pas de grands progrès dans la grammaire, je n'en suis pas surpris. C'est une des sciences les plus ennuyeuses et, par conséquent, les plus difficiles. Pour bien l'approfondir, il faut néanmoins celle de plusieurs langues et, pour cela, en

1. Lieu dit de Doyatières près de la maison de campagne des Beyle à Claix ; c'est là que Henri Beyle, enfant, tua sa première grive. Cf. Vie de Henri Brulard chap. 33.

2. Jean IV de Caulet, évêque de Grenoble de 1726 à 1771.