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vanité : plus une société a l'air d'être com­posée d'amis qui se chérissent à l'adora­tion, qui sont très spirituels et qui sont les gens les plus modestes du monde, plus elle est du bon ton.

Au fond, ils ne s'aiment ni ne se haïssent; pour la plupart, ils sont assez bonnes gens et ont une vanité poussée à l'extrême, c'est-à-dire qui s'offense et se réjouit des plus petites choses du monde - mais ils ne laissent jamais paraître aucun sentiment affligeant. Celui qui s'afflige en public (aux yeux du monde) est un sot, ou un homme plein d'orgueil.

S'il croit qu'on prend part à ses chagrins, c'est un sot ; s'il se croit assez important pour vous en faire affliger, c'est un orgueil­leux.

On ne peut pas décrire dans une lettre ce que c'est qu'un homme aimable : il faut les voir plusieurs ensemble pour les juger ; car, un homme aimable seul se laisse entraîner à vouloir primer, et ainsi tombe dans la plus grande faute possible ; il offense la vanité de tous ceux qui sont présents, d'abord de tous les hommes qu'il efface, ensuite de toutes les femmes auxquelles il ne s'adresse pas. On peut dire plus facilement ce que ne doit pas être l'homme aimable.

La société se perfectionne chaque jour,