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nous passons par les Echelles où nous sommes reçus par mon oncle 1 ; par Cham-béry où nous restons vingt-quatre heures ; nous arrivons enfin à Genève. Nous de­vions n'y passer que deux jours, nous y sommes déjà depuis trois, et si je ne con­sultais que mon cœur, j'y passerais six mois. Nous avions plusieurs lettres de recommandations pour M. Pasteur, pour M. et Mme Mouriez, pour M. Pictet. Nous avons été souvent en société, tantôt reçus par les vrais Genevois avec cette politesse froide qui glace, tantôt avec empressement par ceux que nos mœurs ont déjà corrompus. En général, bien de la plupart des femmes, mal de tous les hommes. Je vous donnerai des détails là-dessus à notre première entrevue.

La chose qui nous frappa le plus en arrivant est la beauté des femmes et des demoiselles, et cette coutume singulière et admirable qui fait que les jeunes filles vont partout seules, la franchise tou­chante de leurs procédés qui montrent bien ces âmes qui ne comprennent pas seulement la coquetterie et qui sont si sensibles à l'amour. Je vous paraîtrais fou si je vous disais tout ce que je pense là-dessus ; je veux me retenir et je m'aper-

1. Komaln Gagnon qui, nous l'avons tu, habitait Les Echelles depuis son marLtge.