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que nous le pratiquons doit tuer l'amour, si tant est qu'il existe. D'abord, dans nos mœurs, un mari est toujours ridicule. Que pensez-vous de ça ?

Vous voyez que je vous traite en savant, car il y a là dedans de l'économie poli­tique, de la connaissance de l'homme, etc., etc. En récompense, brûlez les lettres où je vous parais un fat et, au nom de Dieu, plaisantez-moi ferme si jamais je retombe dans ce maudit défaut; à vos yeux s'entend, car je veux vous mener à Paris dans un an chez les femmes dont je vous ai parlé. Vous me succéderez si vous voulez. Je voulais rompre pour vous prouver que je ne suis pas fat ; je ne rom­prai pas, je vais leur écrire aujourd'hui ; je veux vous y présenter et vous faire hériter de ma place.

Adieu ; venez donc à Grenoble ; nous courrions les montagnes, nous nous amuse­rions, nous chasserions ; pour moi je m'en vais errer dans les roches comme le malheureux Gardénio. Au fait, ce pays m'enchante et est d'accord avec ce qui reste encore de romanesque dans mon âme ; si vraiment une Julie d'Etange existait encore, je sens qu'on mourrait d'amour pour elle parmi ces hautes mon­tagnes et sous ce ciel enchanteur.

Mais ne voilà-t-il pas encore de l'enchan-