5. — A
A SA SŒUR PAULINE
Milan, le 10 Messidor.
L'an VIII de la République.
[Dimanche, 29 Juin 1800.]
Je suis bien sensible, ma chère Pauline, à la petite lettre que tu m'as écrite ; je n'y aurais désiré qu'un peu plus de longueur. Je ne sais quand tu voudras faire cesser mes plaintes à cet égard. Tu sais que je suis à Milan, c'est une ville grande comme cinq fois Grenoble, assez bien bâtie. Il y a une église d'un style gothique, c'est-à-dire toute en filigranes disposés en voûtes plus que plein cintre, qui est étonnante à la seconde réflexion, mais qui ne saisit pas d'abord comme le sublime Panthéon. Je crois que l'extrémité du dôme est plus haute que la galerie du Panthéon. Pour t'en donner une idée, il faut te figurer une galerie circulaire longue de 50 à 60 pieds et haute comme quatre clochers de Saint-André les uns sur les autres. L'église n'est point finie et ne le sera probablement jamais ; elle n'est point belle en dedans en général, elle n'est qu'éton-