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là il y a deux mois, qui plus est sans l'avoir eue ;" elle a fait venir chez elle une nièce charmante dont le mari dompte les nègres de Saint-Domingue, J'ai entrepris de dompter aussi à mon tour ; mais elle fait une résistance superbe ; elle est aidée par sa tante, qui est endiablée contre moi et qui me fait manquer toutes les occa­sions de finir. J'en suis si vexé, que je finirai peut-être par avoir la tante pour pouvoir approcher la nièce.Ce qui m'étonne le plus, c'est que la petite m'aime ; elle m'écrit des lettres qui, malgré leurs fautes d'orthographe, sont assez tendres ; elle m'embrasse de tout son cœur quand je lui en donne l'occasion, mais niente più. Je commence à croire, le diable m'emporte, à l'amour platonique. Vous voyez, cher Edouard, qu'en amour comme en guerre tout n'est pas succès. Tout considéré, je mène dans deux heures ces dames au bai ; je veux en finir ; je m'en veux de me sentir agité par une petite coquette de vingt ans.

Savez-vous que pendant que nous por­tons la gloire de Grenoble aux deux bouts de la France, on nous enlève les beautés qui ornaient nos bals. Mon pauvre cousin Félix Mallein a été sur le point de se pendre ou de se jeter dans la rivière, parce que Mlle M... l'a abandonné pour

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