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Une fois que tu auras composé ces vingt-sept vies, comme celle de Molière et aussi simplement, tu pourras les copier dans un petit cahier, et les relire quelque­fois ; cela nous sera très utile pour le cours de littérature que je compte faire avec toi cet automne.

Après les excellentes Révolutions ro­maines de Vertot, je te conseille de lire l'Histoire de Condillac : tu le trouveras froid et moins amusant, mais il raisonne parfaitement et c'est un grand mérite. Tu pourras lire le Siècle de Louis XIV de Voltaire ; lis les Caractères, de La Bruyére.

Supplie à deux genoux mon papa de te faire bien vite cesser l'étude de l'astro­nome Ptolémée ; le sot abbé Raillane1 eut la bêtise de me l'apprendre, et il est cause que j'ai de fausses idées en astro­nomie. Cesse Ptolémée dès demain ; rien de pernicieux comme de s'empoisonner l'esprit avec des faussetés. Cette étude me donne une bien mauvaise opinion de ceux qui te la font faire ; qu'ils se procurent l'Abrégé d'astronomie, de J. Lalande, un volume in-8 ; les bons principes sont ex­posés d'une manière saine ; tu verras que

1. Voir Henri Brulard, passim, où les rancunes du jeune Beyle contre son ancien précepteur s'exhalent avec une sourde violence que quarante ans passés n'ont pas diminuée bien au contraire.