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œuvre barbare. Ne voyait-il pas à Paris, sous ses yeux, l’état de marasme où il jetait la littérature française ? La pauvrette avait reçu la consigne de louer les anciens auteurs et de ne plus penser. Il ne fallait à ce roi qu’une cour de laquelle on ne put passe moquer, et l’intelligence lui était plus que suspecte, comme à tous ses collègues ; s’il ne pouvait pas donner de la grâce et de l’enjouement à ses nouvelles duchesses, il fallait du moins que leurs mœurs fussent irréprochables. C’est pour cela et pour beaucoup d’autres choses que je bénis sa bataille de Waterloo.

Grâce au roi d’Italie, il n’y a plus de joie au-delà des Alpes. Ces femmes aimables, célèbres dans toute l’Europe, et qui firent faire des folies insignes aux plus grands capitaines, sont bien étonnées, maintenant, de se voir pour filles des dames parfaitement respectables et dont le salon reste désert.

Les lettres du président de Brosses décrivent donc une façon de vivre qui n’existe plus que parmi la petite bourgeoisie ou dans quelque bourgade cachée au milieu de l’Apennin. Mais la charmante et spirituelle gaieté que, par contrecoup, le président nous montre à Dijon, est également passée dans les pages de l’histoire. Je pense qu’à Dijon, comme ailleurs, on s’occupe de ne pas choquer l’opinion publique, afin de se faire nommer député, et de pouvoir distribuer des recettes de tabac et des bureaux de poste parmi ses petits cousins.

Une question se présente. Cet ensemble si attrayant de la vie de 1739 pourra-t-il renaître un jour au-delà