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goût pour l’architecture de la renaissance et pour les meubles du moyen âge. Quelques seigneurs romains eurent la fantaisie de se placer dans des tombeaux étrusques. J’ai vu dans un de ces tombeaux une peinture évidemment romaine. Dans un autre, on m’a montré les croix du christianisme. En conclurons-nous que ces tombeaux ont été bâtis sous Constantin et ses successeurs ?

Pour être admis dans le corps d’ailleurs si respectable des archéologues, il faut savoir par cœur Diodore de Sicile, Pline et une douzaine d’autres historiens ; de plus, il faut avoir abjuré tout respect pour la logique. Cet art importun est l’ennemi acharné de tous les systèmes ; or comment un livre d’archéologie peut-il attirer l’attention du monde, même légèrement, sans le secours d’un système un peu singulier ? Je connais onze systèmes sur l’origine des vases peints et des tombeaux étrusques cachés sous terre. Le plus absurde est, ce me semble, celui qui suppose que tout cela a été fait sous Constantin et ses successeurs. Le système que j’adopterais volontiers et que je proposerais au lecteur, tout en convenant qu’il est malheureusement dénué de preuves suffisantes, est celui qui m’a été enseigné par le vénérable père Maurice, lequel, pendant dix ans, a dirigé de nombreuses et importantes fouilles. Cet homme vénérable, d’une amabilité parfaite et qui connaît tous les historiens de l’antiquité, comme nous Français nous connaissons Voltaire, pense que les tombeaux que nous déterrons appartiennent à un peuple fort antérieur aux Étrusques, peut-être contemporain des premiers Égyptiens, et que comme aujourd’hui notre