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Vanina était atterrée. En lui parlant, l’œil de Pietro n’avait brillé qu’au moment où il avait nommé la patrie.

Enfin l’orgueil vint au secours de la jeune princesse ; elle s’était munie de diamants et de petites limes. Sans répondre à Missirilli, elle les lui offrit.

— J’accepte par devoir, lui dit-il, car je dois chercher à m’échapper ; mais je ne vous verrai jamais, je le jure en présence de vos nouveaux bienfaits. Adieu, Vanina ; promettez-moi de ne jamais m’écrire, de ne jamais chercher à me voir ; laissez-moi tout à la patrie, je suis mort pour vous : adieu.

— Non, reprit Vanina furieuse, je veux que tu saches ce que j’ai fait guidée par l’amour que j’avais pour toi.

Alors elle lui raconta toutes les démarches depuis le moment où Missirilli avait quitté le château de San Nicolô, pour aller se rendre au légat. Quand ce récit fut terminé :

— Tout cela n’est rien, dit Vanina : j’ai fait plus, par amour pour toi.

Alors elle lui dit sa trahison.

— Ah ! monstre, s’écria Pietro furieux, en se jetant sur elle, et il cherchait à l’assommer avec ses chaînes.

Il y serait parvenu sans le geôlier qui accourut aux premiers cris. Il saisit Missirilli.

— Tiens, monstre, je ne veux rien te devoir, dit Missirilli à Vanina, en lui jetant, autant que ses chaînes le lui