Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/31

Cette page n’a pas encore été corrigée

prudence ne saurait approuver. Trois mois ne s’étaient pas écoulés lorsque le seigneur de Campireali s’aperçut que Jules Branciforte passait trop souvent sous les fenêtres de son palais (que l’on voit encore vers le milieu de la grande rue qui monte vers le lac). »

La franchise et la rudesse, suites naturelles de la liberté que souffrent les républiques, et l’habitude des passions franches non encore réprimées par les mœurs de la monarchie, se montrent à découvert dans la première démarche du seigneur de Campireali. Le jour même où il fut choqué des fréquentes apparitions du jeune Branciforte, il l’apostropha en ces termes :

« Comment oses-tu bien passer ainsi sans cesse devant ma maison, et lancer des regards impertinens sur les fenêtres de ma fille, toi qui n’as pas même d’habits pour te couvrir ? Si je ne craignais que ma démarche ne fût mal interprétée des voisins, je te donnerais trois sequins d’or et tu irais à Rome acheter une tunique plus convenable. Au moins ma vue et celle de ma fille ne seraient plus si souvent offensées par l’aspect de tes haillons. »

Le père d’Hélène exagérait sans doute : les habits du jeune Branciforte n’étaient point des haillons, ils étaient faits avec des matériaux fort simples ; mais, quoique fort propres et souvent brossés, il faut avouer que leur aspect annonçait un long usage. Jules eut l’ame si profondément navrée par les reproches du seigneur de Campireali, qu’il ne parut plus de jour devant sa maison.

Comme nous l’avons dit, les deux arcades, débris d’un