Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/235

Cette page n’a pas encore été corrigée

peuple. On conduisit sur-le-champ les femmes dans la chapelle qui avait été préparée, on y amena ensuite Giacomo Cenci.

Le jeune Bernard, recouvert de son manteau galonné, fut conduit directement sur l’échafaud ; alors tous crurent qu’on allait le faire mourir et qu’il n’avait pas sa grâce. Ce pauvre enfant eut une telle peur, qu’il tomba évanoui au second pas qu’il fit sur l’échafaud. On le fit revenir avec de l’eau fraîche et on le plaça vis-à-vis la mannaja.

Le bourreau alla chercher la signora Lucrèce Petroni ; ses mains étaient liées derrière le dos, elle n’avait plus de voile sur les épaules. Elle parut sur la place accompagnée par la bannière, la tête enveloppée dans le voile de taffetas noir ; là elle fit sa réconciliation avec Dieu et elle baisa les saintes plaies. on lui dit de laisser ses mules sur le pavé ; comme elle était fort grosse, elle eut quelque peine à monter. Quand elle fut sur l’échafaud et qu’on lui ôta le voile de taffetas noir, elle souffrit beaucoup d’être vue avec les épaules et la poitrine découvertes ; elle se regarda, puis regarda la mannaja, et, en signe de résignation, leva lentement les épaules ; les larmes lui vinrent aux yeux, elle dit : O mon Dieu !… Et vous, mes frères, priez pour mon âme.

Ne sachant ce qu’elle avait à faire, elle demanda à Alexandre, premier bourreau, comment elle devrait se comporter. Il lui dit de se placer à chevalsur la planche du cep. Mais ce mouvement lui parut offensant pour la pudeur, et elle mit beaucoup de temps à le faire. (Les détails