Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/229

Cette page n’a pas encore été corrigée

Santa Croce. Son fils Paul Santa Croce venait de tuer à coups de poignard cette dame, âgée de soixante ans, parce qu’elle ne voulait pas s’engager à le laisser héritier de tous ses biens. Le rapport ajoutait que Santa Croce avait pris la fuite, et que l’on pouvait conserver l’espoir de l’arrêter. Le pape se rappela le fratricide des Massini, commis peu de temps auparavant. Désolée de la fréquence de ces assassinats commis sur de proches parents, Sa Sainteté ne crut pas qu’il lui fût permis de pardonner. En recevant ce fatal rapport sur Santa Croce, le pape se trouvait au palais Monte Cavallo, où il était le 6 septembre, pour être plus voisin, la matinée suivante, de l’église de Sainte-Marie-des-Anges, où il devait consacrer comme évêque un cardinal allemand.

Le vendredi à 22 heures (4 heures du soir), il fit appeler Ferrante Taverna, gouverneur de Rome, et lui dit ces propres paroles :

— Nous vous remettons l’affaire des Cenci, afin que justice soit faite par vos soins et sans nul délai.

Le gouverneur revint à son palais fort touché de l’ordre qu’il venait de recevoir ; il expédia aussitôt la sentence de mort, et rassembla une congrégation pour délibérer sur le mode d’exécution.

Samedi matin, 11 septembre 1599, les premiers seigneurs de Rome, membres de la confrérie des confortatori, se rendirent aux deux prisons, à Corte Savella, où étaient Béatrix et sa belle-mère, et à Tordinona, où se trouvaient