Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/140

Cette page n’a pas encore été corrigée

le nom de la chambre des moines ; l’abbesse y fut gardée à vue par trois femmes.

La santé de l’évêque s’étant un peu améliorée, trois cents sbires ou soldats vinrent le prendre à Ronciglione, et il fut transporté à Rome en litière ; on le déposa à la prison appelée Corte Savella. Peu de jours après, les religieuses aussi furent amenées à Rome ; l’abbesse fut placée dans le monastère de Sainte-Marthe. Quatre religieuses étaient inculpées : mesdames Victoire et Bernarde, la sœur chargée du tour et la portière, qui avait entendu les paroles outrageantes adressées à l’évêque par l’abbesse.

L’évêque fut interrogé par l’auditeur de la chambre, l’un des premiers personnages de L’ordre judiciaire. On remit de nouveau à la torture le pauvre César del Bene, qui non-seulement n’avoua rien, mais dit des choses qui faisaient de la peine au ministère public, ce qui lui valut une nouvelle séance de torture. Ce supplice préliminaire fut également infligé à mesdames Victoire et Bernarde. L’évêque niait tout avec sottise, mais avec une belle opiniâtreté ; il rendait compte dans le plus grand détail de tout ce qu’il avait fait dans les trois soirées évidemment passées auprès de l’abbesse.

Enfin, l’on confronta l’abbesse avec l’évêque ; et, quoiqu’elle dît constamment la vérité, on la soumit à la torture. Comme elle répétait ce qu’elle avait toujours dit depuis son premier aveu, l’évêque, fidèle à son rôle, lui adressa des injures.

Après plusieurs autres mesures raisonnables au fond,