Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/117

Cette page n’a pas encore été corrigée

elle avait six ans, elle lui disait avec raison : Mademoiselle, redressez votre colerette, lorsque cette fille a dix-huit ans et elle cinquante, lorsque cette fille a autant et plus d’esprit que sa mère, celle-ci, emportée par la manie de régner, se croit le droit de diriger sa vie et même d’employer le mensonge. Nous verrons que c’est Victoire Carafa, la mère d’Hélène, qui, par une suite de moyens adroits et fort savamment combinés, amena la mort cruelle de sa fille si chérie, après avoir fait son malheur pendant douze ans, triste résultat de la manie de régner.

Avant de mourir, le seigneur de Campireali avait eu la joie de voir publier dans Rome la sentence qui condamnait Branciforte à être tenaillé pendant deux heures avec des fers rouges dans les principaux carrefours de Rome, à être ensuite brûlé à petit feu, et ses cendres jetées dans le Tibre. Les fresques du cloître de Sainte-Marie-Nouvelle, à Florence, montrent encore aujourd’hui comment on exécutait ces sentences cruelles envers les sacrilèges. En général, il fallait un grand nombre de gardes pour empêcher le peuple indigné de remplacer les bourreaux dans leur office. Chacun se croyait ami intime de la Madone. Le seigneur de Campireali s’était encore fait lire cette sentence peu de momens avant sa mort, et avait donné à l’avocat qui l’avait procurée sa belle terre située entre Albano et la mer. Cet avocat n’était point sans mérite. Branciforte était condamné à ce supplice atroce, et cependant aucun témoin n’avait dit l’avoir reconnu sous les habits de ce jeune homme déguisé en courrier, qui semblait diriger avec tant d’autorité les mouvemens