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D. Léonard del Cardine eurent la tête tranchée.

Le duc soutint ce terrible moment non-seulement comme un cavalier de haute naissance, mais encore comme un chrétien prêt à tout endurer pour l’amour de Dieu. Il adressa de belles paroles à ses deux compagnons pour les exhorter à la mort ; puis écrivit à son fils[1].

Le barigel revint au château Saint-Ange, il annonça la mort au cardinal Carafa, ne lui donnant qu’une heure pour se préparer. Le cardinal montra une grandeur d’âme supérieure à celle de son frère, d’autant qu’il dit moins de paroles ; les paroles sont toujours une force que l’on cherche hors de soi. On ne lui entendit prononcer à voix basse que ces mots, à l’annonce de la terrible nouvelle :

— Moi mourir ; Ô pape Pie ! ô roi Philippe[2] !

Il se confessa ; il récita les sept psaumes de la pénitence, puis il s’assit sur une chaise, et dit au bourreau :

Faites.

  1. Le savant M. Sismondi embrouille toute cette histoire. Voir l’article Carafa de la biographie Michaud ; il prétend que ce fut le comte de Montorio qui eut la tête tranchée le jour de la mort du cardinal. Le comte était père du cardinal et du duc de Palliano. Le savant historien prend le père pour le fils.
  2. L’erreur de Carafa : au début il se fie trop aux amis, à la fin à ses ennemis. (Note de Stendhal sur le manuscrit italien.)