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il la crut infidèle et la fit empoisonner en Toscane même, du consentement du grand-duc son frère, et jamais la chose ne lui a été imputée à crime. Plusieurs princesses de la maison de Médicis sont mortes ainsi.

Quand le procès des deux Carafa fut terminé, on en fit un long sommaire, qui, à diverses reprises, fut examiné par des congrégations de cardinaux. Il est trop évident qu’une fois qu’on était convenu de punir de mort le meurtre qui vengeait l’adultère, genre de crime dont la justice ne s’occupait jamais, le cardinal était coupable d’avoir persécuté son frère pour que le crime fût commis, comme le duc était coupable de l’avoir fait exécuter.

Le 3 de mars 1561, le pape Pie IV tint un consistoire qui dura huit heures, et à la fin duquel il prononça la sentence des Carafa en ces termes : Prout in schedulâ. (Qu’il en soit fait comme il est requis.)

La nuit du jour suivant, le fiscal envoya au château Saint-Ange le barigel pour faire exécuter la sentence de mort sur les deux frères, Charles, cardinal Carafa, et Jean, duc de Palliano ; ainsi fut fait. On s’occupa d’abord du duc. Il fut transféré du château Saint-Ange aux prisons de Tordinone, où tout était préparé ; ce fut là que le duc, le comte d’Aliffe et