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d’écouter la passion fatale qu’elle avait fait naître dans son cœur, céda elle-même à l’amour violent que Domitien Fornari lui avait inspiré. Désormais elle se tenait sûre de pouvoir l’épouser. Mais Domitien était un jeune homme sage, d’un caractère froid et réservé ; les emportements de sa fougueuse maîtresse, loin de l’attacher, lui semblèrent bientôt désagréables. Diane Brancaccio était proche parente des Carafa ; il se tenait sûr d’être poignardé au moindre rapport qui parviendrait sur ses amours au terrible cardinal Carafa qui, bien que cadet du duc de Palliano, était, dans le fait, le véritable chef de la famille.

La duchesse avait cédé depuis quelque temps à la passion de Capecce, lorsqu’un beau jour on ne trouva plus Domitien Fornari dans le village où était reléguée la cour du marquis de Montebello. Il avait disparu : on sut plus tard qu’il s’était embarqué dans le petit port de Nettuno ; sans doute il avait changé de nom, et jamais depuis on n’eut de ses nouvelles.

Oui pourrait peindre le désespoir de Diane ? Après avoir écouté avec bonté ses plaintes contre le destin, un jour la duchesse de Palliano lui laissa deviner que ce sujet de discours lui semblait épuisé. Diane se voyait méprisée par son amant ; son cœur