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leur a infligé aucune peine. Je suppose, d’après ce que vous me dites et les apparences, dont je m’aperçois seulement en cet instant, que ces malheureuses ont pris du poison.

Le duc de Vargas n’entendit qu’à demi les paroles de l’abbé Cybo, dont la voix était couverte par celle du duc d’Atri, agenouillé auprès des deux religieuses qui s’agitaient sur les dalles de pierre, des douleurs atroces leur ayant fait perdre, à ce qu’il paraissait, toute conscience de leurs mouvements. L’une d’elles, qui paraissait dans le délire, était une fort belle fille de trente ans. Elle déchirait sa robe sur sa poitrine et s’écriait :

— À moi ! à moi ! à une fille de ma naissance !

Le duc se leva et, avec la grâce parfaite qu’il eût montrée dans le salon de la reine :

— Est-il bien possible, madame, que votre santé ne soit nullement altérée ?

— Je n’ai pris aucun poison, ce qui n’empêche pas, monsieur le duc, répondit Rosalinde, que je ne sente fort bien que je vous dois la vie.

— Je n’ai aucun mérite dans tout ceci, répliqua le duc. Le roi, prévenu par les avis de fidèles sujets, m’a fait appeler et m’a dit que l’on conspirait dans ce couvent. Il fallait prévenir les conspirateurs. Main-