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on put croire qu’il avait appris la nouvelle du danger de sa belle-fille. L’inquiétude du duc de Vargas ne lui permit pas de prolonger autant qu’il l’aurait dû sa visite au palais de Bissignano.

Le duc trouva dans le couvent de San Petito, à commencer par la converse qui était à la porte extérieure, un air de singulière préoccupation. Venant au nom de la reine, le duc avait le droit d’être admis sans nul retard auprès de l’abbesse Angela de Castro Pignano. Or, on le fit attendre vingt mortelles minutes. Au bas de la salle on apercevait le commencement d’un escalier tournant qui paraissait s’enfoncer à de grandes profondeurs. Le duc crut qu’il ne reverrait jamais la belle Rosalinde.

L’abbesse parut enfin, dans l’état d’une personne hors d’elle-même. Le duc avait changé son message[1] :

— Le prince de Bissignano est tombé en apoplexie hier soir. Il va fort mal, il veut absolument voir avant de mourir sa fille Rosalinde et a fait solliciter auprès de Sa Majesté l’ordre nécessaire pour tirer la signora Rosalinda de ce couvent. Par respect pour les privilèges de cette noble maison, le roi a voulu qu’une non moindre

  1. Je crois que des scènes aussi révoltantes n’ont jamais eu lieu. Je les attribue à la méchanceté du narrateur.