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de mon jardin, une de mes voitures de suite vous conduira du côté opposé de la ville. Songez à vous bien cacher. Faites tout au monde pour venir demain à mon jardin de l’Arenella, de midi à deux heures. Là, je suis sûr de mes gens, ils sont tous Espagnols.

La pâleur mortelle qui couvrait le visage du duc lorsqu’il reparut devant les officiers fut une excuse suffisante pour l’excuse qu’il leur présenta.

— Une affaire, messieurs, m’oblige à sortir à l’instant. Je ne pourrai avoir l’honneur de vous remercier et de vous recevoir que demain matin, à sept heures.

Le duc de Vargas court au palais de la reine, [qui] répand des larmes en reconnaissant la bague qu’elle donna jadis à la jeune Rosalinde. La reine passe chez le roi avec le duc de Vargas. L’air renversé de celui-ci touche le roi qui, comme un grand prince qu’il était, fut le premier à ouvrir un avis raisonnable :

— Il faut songer à ne pas réveiller les soupçons de l’archevêque, si toutefois, malgré le talisman de mon portrait, la pauvre sœur converse a pu échapper à ses espions. Je conçois maintenant pourquoi l’archevêque est allé habiter, il y a quinze jours, sa chaumière de ***.

— Si Votre Majesté me le permet, je