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novice ne voulut nommer Gennarino. L’abbesse alla jusqu’à lui dire : « Tout vous sera pardonné, et je vous renvoie immédiatement dans votre cellule si vous voulez dire un mot » ; la jeune fille faisait le signe de la croix, saluait profondément, et faisait signe qu’elle ne pouvait dire un seul mot.

Elle savait bien que Gennarino était le neveu de cette abbesse terrible.

— Si je le nomme, se disait-elle, j’obtiens pardon et oubli, comme le répètent ces dames ; mais à lui, tout ce qui peut lui arriver de moins funeste c’est d’être envoyé en Sicile ou même en Espagne, et je ne le reverrai jamais.

L’abbesse fut tellement irritée du silence invincible de la jeune Scolastique que, oubliant tous ses projets de clémence, elle se hâta de faire un rapport au cardinal archevêque de Naples sur ce qui s’était passé au couvent la nuit précédente.

Toujours pour plaire au roi, qui voulait être sévère, l’archevêque prit cette affaire fort à cœur ; mais, ne pouvant rien découvrir par l’entremise de tous les curés de la capitale et par celle de tous les observateurs dépendant directement de l’archevêché, l’archevêque parla de cette affaire au roi, qui se hâta de la renvoyer à son ministre de la police, lequel dit au roi :