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de l’affaire. Elle pensait qu’il serait dangereux pour le couvent d’entretenir un public malin de ces désordres intérieurs. Ce public dirait : Vous punissez une intrigue qui a été maladroite, et nous savons qu’il en existe des centaines d’autres. Puisque nous avons affaire à un jeune roi qui prétend avoir du caractère et vouloir faire exécuter les lois, chose que l’on ne vit jamais en ce pays, nous pouvons profiter de cette mode passagère pour obtenir une chose qui sera plus utile au couvent que la condamnation solennelle de dix pauvres religieuses devant l’archevêque de Naples et tous les chanoines qu’il aura appelés pour composer son présidial. Je veux que l’on punisse l’homme qui a osé pénétrer dans notre couvent ; un seul beau jeune homme de la cour jeté dans une forteresse pour plusieurs années fera plus d’effet que la condamnation d’une centaine de religieuses. D’ailleurs, ce sera justice : l’attaque vient du côté des hommes. La Scolastique n’a point reçu celui-ci précisément dans sa chambre, et plût à Dieu que toutes les religieuses du couvent eussent autant de prudence ! Elle va nous faire connaître le jeune imprudent que je dois poursuivre à la cour et comme, dans le fait, elle n’est que fort peu coupable, nous allons