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de la jeune fille en faisant observer qu’elle n’avait point admis précisément dans sa chambre l’affreux libertin qui avait cherché à déshonorer le noble couvent.

Scolastique laissée seule dans une petite chambre creusée dans le roc, à cinq ou six pieds seulement au-dessous du niveau de la place voisine, que l’on avait établie en creusant un peu dans la roche tendre, se trouva soulagée d’un grand poids quand elle se vit seule et délivrée de ces lampes éclatantes qui, en éblouissant ses yeux, semblaient lui reprocher sa honte.

— Et dans le fait, se disait-elle, laquelle de ces religieuses si altières a le droit de se montrer si sévère à mon égard ? J’ai reçu la nuit, mais jamais dans ma chambre, un jeune homme que j’aime, et que j’espère épouser. Le bruit public prétend que beaucoup de ces dames, qui se sont liées envers le ciel par des vœux, reçoivent des visites la nuit ; et depuis que je suis dans ce couvent, j’ai entrevu des choses qui me font penser comme le public.

« Ces dames disent publiquement que San Petito[1] n’est point un couvent comme l’entend le saint concile de Trente, un lieu d’abstinence et d’abnégation ; c’est tout

  1. Le manuscrit porte San Felicioso. N. D. L. É.