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un des magasins de la lingerie, il avait enlevé une planche de la cloison en bois qui séparait ce magasin de la chambre de la novice Scolastique ; sans doute il parlait avec elle, mais il ne s’était point introduit chez elle, puisqu’au moment où il avait été surpris et où l’on avait pénétré dans la seconde chambre de la cellule de Scolastique, on avait aperçu le libertin dans le magasin de la lingerie et que c’est de là qu’il s’était enfui.

La pauvre Scolastique s’était si fort abandonnée elle-même, qu’elle se laissa conduire dans une prison presque tout à fait souterraine et dépendant de l’in pace de ce noble couvent, lequel est creusé dans la roche assez tendre sur laquelle on voit s’élever aujourd’hui le magnifique bâtiment des Studi. On ne devait placer dans cette prison que les religieuses ou novices condamnées ou surprises en flagrant délit atroce. Cette condition était gravée au-dessus de la porte, ce qui n’était point le cas de la novice Scolastique. L’abus que l’on commettait n’échappa point à l’abbesse, mais on croyait que le roi aimait la sévérité, et l’abbesse songeait au duché de sa famille. Elle pensa qu’elle avait assez fait en faveur