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effroyable il était question, elle courut à la cellule de la sœur Scolastique.

Gennarino n’avait rien dit à son amie de sa rencontre avec les deux religieuses âgées, et il était à s’entretenir tranquillement avec elle dans la pièce qui touchait à la lingerie, lorsque Scolastique et lui entendirent ouvrir avec fracas la chambre à coucher de ce petit appartement.

Les deux amants n’étaient éclairés que par la lumière incertaine des étoiles ; leurs yeux furent tout à coup éblouis par la vive clarté de huit à dix lampes éclatantes que l’on portait à la suite de l’abbesse.

Gennarino savait, comme tout le monde à Naples, à quels périls extrêmes était exposée une religieuse ou une simple novice convaincue d’avoir reçu un homme dans ce petit appartement qu’on appelait sa cellule. Il n’hésita pas à sauter dans le jardin par la fenêtre fort élevée de la lingerie.

Le crime était évident, Scolastique ne disait rien pour se justifier ; l’abbesse Angela Custode l’interrogea sur-le-champ. L’abbesse, grande fille sèche et pâle de quarante ans et appartenant à la plus haute noblesse du royaume, avait toutes les qualités morales qu’annoncent ces diverses circonstances. Elle avait tout le