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dans le jardin et dans la sainte clôture d’un couvent de filles.

À peine Gennarino eut-il compris leurs prétentions qu’il leur déclara qu’il ne faisait pas l’amour par pénitence, mais pour s’amuser, et qu’ainsi il les priait de le laisser à ses affaires.

Cette réponse, fort malhonnête, et que dans les mêmes lieux l’on ne se permettrait plus aujourd’hui, alluma une fureur tellement aveugle chez les deux religieuses âgées que, malgré l’heure indue, — il était alors près de deux heures du matin, — elles n’hésitèrent pas à aller réveiller l’abbesse.

Par bonheur pour le jeune marquis, les religieuses dénonciatrices ne l’avaient pas reconnu ; l’abbesse était sa grand’tante, sœur cadette de son grand-père ; mais, passionnée pour la gloire et l’avancement de sa maison, comme elle savait que le jeune roi, Charles III était un courageux et sévère partisan de la règle, elle eût dénoncé au prince, son neveu, les dangereuses folies de Gennarino qui, probablement, eût reçu du service en Espagne, ou du moins en Sicile.

Les deux religieuses eurent beaucoup de peine à parvenir jusqu’à l’abbesse et à la réveiller ; mais, aussitôt que cette abbesse dévote et zélée eut compris de quel crime