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C’était Gennarino qui s’était oublié en faisant la conversation sous la fenêtre de Rosalinde ; il eut assez de peine à échapper, mais il était suivi de si près par les chiens furieux qu’il ne put fermer la porte, et le lendemain l’abbesse Angela Custode fut profondément scandalisée en apprenant que les chiens du couvent avaient parcouru tous les bois de l’Arenella et une partie de la plaine du Vomero. Il était évident pour elle que la porte du jardin s’était trouvée ouverte au moment du grand bruit qu’avaient fait les chiens.

Soigneuse de l’honneur du couvent, l’abbesse dit que des voleurs s’étaient introduits dans le jardin par la négligence des vieux gardiens, qu’elle chassa et remplaça par d’autres, ce qui causa une sorte de révolution dans le couvent, car plusieurs religieuses se plaignirent de cette mesure tyrannique.

Ce jardin n’était point solitaire la nuit ; mais l’on se contentait d’y passer et l’on n’y séjournait point ; le seul Don Gennarino trop amoureux pour demander à sa maîtresse de monter chez elle, avait été sur le point de compromettre toutes les amours du couvent. Dès le lendemain matin cependant, il lui fit parvenir une longue lettre : il sollicitait la permission de monter chez elle, mais il ne put l’obtenir qu’après que