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trouvée inutile ; il laissait ouvert le guichet de la porte de service du jardin, et Gennarino fermait ce guichet en sortant.

Suivant un usage établi par saint Benoît lui-même, dans un siècle de trouble et où chacun était obligé de se garder, à trois heures du matin, au moment où les religieuses se rendaient au chœur pour chanter les matines, elles devaient faire une ronde dans les cours et jardins du monastère. Voici comment cet usage était suivi au couvent de San Petito : les religieuses nobles ne se levaient point à trois heures du matin, mais payaient de pauvres filles qui en leur place chantaient les matines, tandis qu’on ouvrait la porte d’une petite maison située dans le jardin et où logeaient trois vieux soldats, âgés de plus de soixante-dix ans. Ces soldats, bien armés, étaient censés se promener dans les jardins et y lançaient plusieurs gros chiens qui restaient enchaînés toute la journée.

D’ordinaire, ces visites se passaient fort tranquillement ; mais une belle nuit, les chiens firent un tel tapage que tout le couvent fut réveillé. Les soldats, qui s’étaient recouchés après avoir lâché les chiens, accoururent en toute hâte pour faire preuve de présence, et lâchèrent plusieurs coups de fusil. L’abbesse eut peur pour le duché de sa famille.