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mière lettre, qui fut suivie de plusieurs autres. La plus grande faveur que dans ce temps elle accorda à Gennarino fut de lui envoyer une fleur par le vieux Beppo, qui était devenu l’ami de la sœur Scolastique, peut-être parce qu’il avait toujours à lui raconter quelque trait de la première jeunesse de Gennarino.

Celui-ci passait sa vie à errer autour des murs du couvent, il n’allait plus dans le monde ; on ne le voyait à la cour que lorsqu’il était sous les armes, sa vie était fort triste, et il n’eut pas besoin de beaucoup exagérer pour persuader à la sœur Scolastique qu’il désirait la mort.

Il était tellement malheureux par cet amour étrange qui s’était emparé de son cœur qu’il osa écrire à son amie que cet entretien si froid par écrit ne lui procurait plus aucun bonheur. Il avait besoin de l’entretenir de vive voix et d’obtenir à l’instant même les réponses à mille choses qu’il avait à lui dire. Il proposait à son amie de se venir placer dans le jardin du couvent, sous sa fenêtre, accompagné de Beppo.

Après bien des sollicitations, Rosalinde fut attendrie : il fut admis dans le jardin.

Ces entrevues eurent un tel charme pour les amants qu’elles se renouvelèrent bien plus souvent que la prudence ne le permettait. La présence du vieux Beppo fut