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sans vous voir, et j’ai de l’amour. Dans les fêtes où nous nous rencontrions dans ces temps heureux de ma vie, le respect m’eût empêché de donner à mes sentiments un langage aussi franc, mais qui sait si j’aurai l’occasion de vous écrire une seconde lettre ? Ma cousine, la sœur ***, que je vais voir aussi souvent que je le puis, m’a dit qu’il se passera peut-être quinze jours avant que vous ayez la permission de remonter au belvédère. Tous les jours je serai, à la même heure, dans la rue de Tolède, peut-être déguisé, car je puis être reconnu et plaisanté par mes nouveaux camarades les officiers du régiment des gardes.

« Si vous saviez comme ma vie est différente et désagréable depuis que je vous ai perdue ! Je n’ai dansé qu’une fois, et encore parce que la princesse de Bissignano est venue me chercher jusqu’à ma place.

« Notre pauvreté fait que nous aurons besoin de tout le monde ; soyez très polie, et même affectueuse, avec tous les gens de service : le vieux jardinier Beppo m’a été utile uniquement parce qu’il a été employé vingt ans de suite dans les jardins de mon père, à Cesi.

« N’aurez-vous point horreur de ce que je vais vous dire ? Sur le bord de la mer,