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beau parterre situé sur la droite du jardin ; le vieux Beppo s’approcha d’elle :

— J’ai bien connu, lui dit le jardinier, la noble famille des princes de Bissignano. Dans ma jeunesse je fus employé dans leur jardin, et, si mademoiselle veut le permettre, je lui donnerai une belle rose que j’ai là enveloppée dans des feuilles de vigne, mais c’est sous la condition que mademoiselle voudra bien ne l’ouvrir que lorsqu’elle sera chez elle, et seule.

Rosalinde prit la rose sans presque remercier ; elle la mit dans son sein et s’achemina pensive vers sa cellule. Comme elle était fille de prince destinée à devenir une religieuse de première classe, cette cellule était composée de trois pièces. À peine entrée, Rosalinde alluma sa lampe ; elle voulut prendre la belle rose qu’elle avait cachée dans son sein, mais le calice de la fleur lui resta dans la main en se détachant de la tige et au milieu de la fleur, caché sous les feuilles, elle trouva le billet suivant ; son cœur battit avec force, mais elle ne se fit aucun scrupule de le lire :

« Je suis bien peu riche, ainsi que vous, belle Rosalinde ; car si l’on vous sacrifie à l’établissement de vos frères, moi aussi, comme vous n’ignorez pas peut-être, je ne suis que le troisième fils du marquis de Las Flores. Depuis que je vous ai