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Castro Pignano, qui s’est mis dans la tête de faire la cour au roi et de faire entrer la couronne ducale dans la famille de son neveu en tourmentant ces pauvres jeunes filles, qui de leur vie n’ont songé sérieusement à faire des vœux à Dieu et à la Madone. C’est un plaisir de voir la gaieté avec laquelle elles courent dans le jardin ; on dirait que ce sont de vraies pensionnaires et non pas des religieuses que l’on oblige à des vœux sérieux, et qui les damneront si elles ne songent uniquement à les remplir. Dernièrement, pour honorer leur grande noblesse, l’archevêque de Naples vient encore de leur obtenir de la cour de Rome le privilège de faire des vœux à seize ans au lieu de dix-sept, et il y a eu de grandes réjouissances dans le couvent au sujet de l’insigne honneur que ce privilège fait à ces pauvres petites.

— Mais vous parlez du jardin, dit Gennarino ; il me semble bien petit.

— Comment, petit ? s’écria-t-on de toutes parts ; on voit bien que vous n’y avez jamais regardé : il y a plus de trente arpents, et maestro Beppo[1], le jardinier en chef, a quelquefois plus de douze ouvriers à sa solde.

— Et ce jardinier en chef sera quelque

  1. Sur cette version primitive le jardinier s’appelle Martino. N. D. L. É.