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étaient beaucoup trop magnifiques pour ce lieu, et il vit avec chagrin que sa présence excitait une surprise mêlée de beaucoup de défiance ; alors, il feignit une grande fatigue, il se fit bon enfant avec les maîtres de la maison et les gens du peuple qui vinrent boire quelques brocs de vin. Ses manières ouvertes lui firent pardonner ses vêtements un peu trop riches pour la circonstance. Gennarino ne dédaigna point de boire, avec l’hôte et les amis de l’hôte, les vins un peu plus fins qu’il faisait venir. Enfin, après une heure de travail, il vit que sa présence n’effarouchait plus. On se mit à plaisanter sur les nobles religieuses de San Petito et sur les visites que quelques-unes d’entre elles recevaient par-dessus les murs du jardin.

Gennarino s’assura qu’une telle chose, dont on parlait beaucoup à Naples, existait en effet. Ces bons paysans du Vomero en plaisantaient, mais ne s’en montraient point trop scandalisés.

— Ces pauvres jeunes filles ne viennent pas là par vocation, comme dit notre curé, mais bien parce qu’on les chasse du palais de leurs pères pour tout donner à leur frère aîné ; il est donc bien naturel qu’elles cherchent à s’amuser. Mais c’est ce qui est devenu difficile sous l’abbesse actuelle, Madame Angela Maria, des marquis de