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supérieure de la rue de Tolède. Elle reconnut la plupart des voitures et des dames qui les occupaient. Cette vue l’amusait et l’affligeait à la fois.

Mais comment peindre le trouble qui s’empara de son âme lorsqu’elle reconnut un jeune homme arrêté sous une porte cochère, agitant avec une sorte d’affectation un bouquet de fleurs magnifiques ? C’était Don Gennarino, qui, depuis que Rosalinde avait été enlevée au monde, venait tous les jours en ce lieu dans l’espoir qu’elle paraîtrait au belvédère des nobles religieuses et comme il savait qu’elle aimait beaucoup les fleurs, pour attirer ses regards et se faire remarquer d’elle, il avait soin de se munir d’un bouquet des fleurs les plus rares.

Don Gennarino éprouva un mouvement de joie marqué lorsqu’il se vit reconnu ; bientôt, il lui fit des signes auxquels Rosalinde se garda bien de répondre ; puis elle réfléchit que, d’après la règle de saint Benoît que l’on suit dans le couvent de San Petito, il pourrait bien se passer plusieurs semaines avant qu’on ne lui permît de reparaître au belvédère. Elle y avait trouvé une foule de religieuses fort gaies ; toutes, ou presque toutes, faisaient des signes à leurs amis, et ces dames paraissaient assez embarrassées de