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en avait gardés étaient gais et amusants. Le premier jour, elle ne fut donc point trop affligée de son état ; mais dès le lendemain, elle sentit qu’elle ne reverrait jamais le jeune Don Gennarino et, malgré tout l’enfantillage de son âge, cette idée commença à l’affliger profondément. D’enjouée et d’étourdie qu’elle était, en moins de quinze jours elle put compter parmi les filles les moins résignées et les plus tristes du couvent. Vingt fois par jour peut-être elle pensait à ce Don Gennarino qu’elle ne devait plus revoir, tandis que lorsqu’elle était dans le palais de son père, l’idée de cet aimable jeune homme ne lui apparaissait qu’une ou deux fois par jour.

Trois semaines après son arrivée au couvent, il lui arriva, à la prière du soir, de réciter sans faute les litanies de la Vierge, et la maîtresse des novices lui donna pour le lendemain la permission de monter pour la première fois au belvédère : c’est ainsi qu’on appelle cette immense galerie que les religieuses ornent à l’envi de dorures et de tableaux et qui occupe la partie supérieure du côté de la façade du couvent de San Petito qui donne sur la rue de Tolède.

Rosalinde fut enchantée de revoir cette double file de belles voitures qui, à l’heure du cours, occupaient cette partie