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voiture avec lui et, sans lui adresser une seule parole, la conduisit au noble couvent de San Petito. C’est à ce couvent, alors fort à la mode, qu’appartient cette façade magnifique que l’on voit à gauche dans la partie la plus élevée de la rue de Tolède près le magnifique palais des Studi. Ces murs, d’une immense étendue, que l’on côtoie si longtemps lorsque l’on se promène dans la plaine du Vomero, au-dessus de l’Arenella, n’ont d’autre objet que d’éloigner les yeux profanes des jardins de San Petito.

Le prince n’ouvrit la bouche que pour présenter sa fille à sa sœur, la sévère Dona ***. Il dit à la jeune Rosalinde, comme un renseignement qu’il lui donnait par complaisance et dont elle devait lui savoir gré, qu’elle ne sortirait plus du couvent de San Petito qu’une fois dans sa vie, la veille du jour ou elle ferait profession.

Rosalinde ne fut point étonnée de tout ce qui lui arrivait, elle savait bien qu’à moins d’un miracle elle ne devait pas s’attendre à se marier, et dans ce moment elle eût eu horreur d’épouser le duc Vargas del Pardo. D’ailleurs, elle avait passé plusieurs années pensionnaire dans ce couvent de San Petito où on la ramenait en ce moment, et tous les souvenirs qu’elle