Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/232

Cette page a été validée par deux contributeurs.

adroit pour persuader à la princesse de Bissignano que c’était à elle que s’adressaient ses hommages ; mais, dans le fait, il était amoureux de la jeune Rosalinde, et, qui plus est, jaloux. Ce même duc Vargas del Pardo, qui autrefois avait été si utile à Don Carlos dans la nuit qui précéda la bataille de Velletri et qui maintenant jouissait de la plus haute faveur auprès de ce jeune roi, avait été touché des grâces naïves de la jeune Rosalinde de Bissignano, et surtout de l’air simple et de bonne foi qui brillait dans son regard. Il lui avait fait une cour majestueuse, comme il convient à un homme qui est trois fois grand d’Espagne. Mais il prenait du tabac et portait perruque ; ce sont précisément les deux grands sujets d’horreur pour les jeunes filles de Naples et, quoique Rosalinde eût une dot de vingt mille francs peut-être et n’eût dans la vie d’autre perspective que d’entrer au noble couvent de San Petito, situé dans la partie la plus élevée de la rue de Tolède, alors à la mode, et qui servait de tombeau aux jeunes filles de la plus haute noblesse, elle ne put jamais se résoudre à comprendre les regards passionnés du duc del Pardo. Au contraire, elle comprenait fort bien les yeux que lui faisait Don Gennarino dans les moments où il n’était pas observé par la princesse