Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/230

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plaisante de tout, la profonde et religieuse discrétion qui cachait tous les sentiments dans ce royaume de Naples qui venait d’être soumis pendant cent dix ans aux caprices et à toute la tyrannie des vice-rois espagnols.

Gennarino sentit vivement, en partant pour le haras, le cruel malheur de ne pouvoir adresser même un seul mot à Rosalinde. Non seulement il était jaloux du roi, qui ne prenait aucun soin de cacher son admiration pour elle, mais encore depuis peu son extrême assiduité à la cour l’avait mis à même de pénétrer un secret fort bien gardé : ce même duc Vargas del Pardo, qui autrefois avait été si utile à Don Carlos le jour de la bataille de Velletri, s’était imaginé que la faveur toute-puissante dont il jouissait à la cour et son énorme fortune de deux cent mille piastres de rente pouvaient faire oublier à une jeune fille ses soixante-six ans et la brusquerie originale de son caractère. Il avait formé le projet de demander au prince de Bissignano la main de sa fille, il offrirait de se charger de la fortune de ses trois beaux-frères. Le duc, fort soupçonneux, comme il convient à un vieux Espagnol, n’était arrêté que par l’amour du