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apprit son prochain départ pour le haras de ***, la princesse, disons-nous, qui avait un faible fort réel, voyant que de plusieurs jours elle ne le rencontrerait pas à la cour, se déclara indisposée. Un de ses objets était aussi de contrarier son mari qui, dans l’affaire de la bague donnée par la reine, avait pris une décision qui dans le fond n’était pas en sa faveur : quoique la princesse eût trente-quatre ans, c’est-à-dire trente ans de moins que son mari, elle pouvait encore espérer d’inspirer du goût au jeune Don Gennarino. Quoique un peu forte, elle était encore jolie ; son caractère contribuait surtout à lui continuer la réputation de jeunesse ; elle était fort gaie, fort imprudente, fort passionnée à la moindre affaire où il lui semblait que sa haute naissance n’était pas assez ménagée.

Pendant les fêtes brillantes de l’hiver de 1740, elle s’était vue toujours environnée à la cour par tout ce qu’il y avait de plus brillant dans la jeunesse de Naples. Elle avait distingué surtout le jeune Don Gennarino, qui joignait à des manières fort nobles et même un peu altières, à l’espagnole, la figure la plus gracieuse et la plus gaie. Ses manières vives et familières, à la française, semblaient surtout délicieuses à la princesse Dona Ferdinanda