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crut qu’un gentilhomme d’une famille assez pauvre, qui passait pour l’avoir bravé, était si utile aux desseins secrets du roi que ce prince sortait de son caractère au point de lui envoyer en cadeau trois chevaux de la plus rare beauté. Il se détachait de l’archevêque comme d’un homme dans le malheur.

L’archevêque, considérant que tous les accidents qui pourraient arriver à Don Gennarino ne pourraient qu’augmenter sa célébrité, résolut d’attendre pour se venger les occasions favorables ; mais comme cette âme ardente ne pouvait vivre sans donner une action quelconque au violent dépit qui la dévorait, tous les confessionnaux de Naples eurent ordre de répandre le bruit qu’à l’époque de la bataille de Velletri le roi était bien loin d’avoir fait preuve de courage ; c’était le duc Vargas del Pardo qui avait tout dirigé et qui, avec le caractère violent et brusque qu’on lui connaissait, avait conduit le roi par force dans les endroits périlleux où il avait paru.

Le roi, qui n’était pas un héros, fut extrêmement sensible à cette nouvelle calomnie, qui eut un cours infini dans Naples. La nouvelle faveur de Don Gennarino en parut un instant ébranlée. Sans la mauvaise plaisanterie d’emprunter des