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Le roi se rendit de bon matin à son palais de Portici. Il y avait fait appeler secrètement ce même baron de Salerne que Don Gennarino avait nommé dans sa première réponse au roi. C’était un homme de la première qualité et fort riche, qui passait pour le premier génie du pays. Il était extrêmement méchant et semblait saisir toutes les occasions de dire du mal du gouvernement du roi. Il faisait venir de Paris le Mercure galant, ce qui l’avait confirmé dans sa réputation de génie supérieur. Il était fort lié avec l’archevêque, qui même avait voulu être le parrain de son fils. (Par parenthèse, ce fils prit au sérieux les sentiments libéraux dont son père faisait parade, au moyen de quoi il fut pendu en 1792.)

À l’époque dont nous parlons, le baron de Salerne voyait le roi Charles III dans le plus grand mystère et lui rendait compte de bien des choses. Le roi le consultait souvent sur ceux de ses actes qui pouvaient être appréciés par la haute société de Naples. D’après l’avis du baron, le lendemain le bruit se répandit dans toute la société de Naples qu’un jeune parent du cardinal, qui logeait au palais archiépiscopal, ayant ouï dire à sa grande terreur que Don Gennarino était aussi adroit sur les armes qu’à tous les autres exercices,