Page:Stendhal - Chroniques italiennes, II, 1929, éd. Martineau.djvu/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus grave : l’archevêque prétendait que le roi s’exprimait d’un tel ton sur son compte que les jeunes gens de la cour saisissaient avec plaisir l’occasion de lui faire offense. D’un autre côté, la princesse de Bissignano prenait hautement le parti du beau jeune homme qui la faisait danser à tous les bals. Elle démontrait fort bien qu’il n’avait pas reconnu la livrée du domestique qui conduisait les chevaux. Par un hasard qu’on n’expliquait pas, cet habit de livrée se trouvait au pouvoir d’un des domestiques de Don Gennarino, et en fait cette livrée n’était pas celle de l’archevêque.

Enfin, Don Gennarino était bien éloigné de refuser au propriétaire qui prenait de l’humeur si mal à propos de croiser le fer avec lui. Don Gennarino était même tout disposé d’aller dire à l’archevêque qu’il aurait été au désespoir si les chevaux empruntés si lestement se fussent trouvés lui appartenir.

L’affaire dont nous parlons embarrassait fort sérieusement le roi Don Carlos. Par les soins de l’archevêque, tous les prêtres de Naples, au moyen des entretiens qu’ils ont dans les confessionnaux, répandaient le bruit que les jeunes gens de la cour, adonnés à un genre de vie impie, cherchaient à insulter la livrée de l’archevêque.