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ture que le lecteur a vue quelques pages plus haut, Don Gennarino ajouta :

— Quoique je ne reconnusse pas la livrée, je ne doutais pas que le propriétaire des deux chevaux ne fût un de mes amis. Je puis prouver que pareille chose m’est arrivée : on a pris sur la promenade des chevaux de l’écurie de mon père dont je me sers. L’an passé, j’ai pris, sur cette même route du Vésuve, un cheval appartenant au baron de Salerne qui, quoique bien plus âgé que moi, n’a eu garde de se fâcher de la plaisanterie, car c’est un homme d’esprit et un grand philosophe, comme le sait Votre Majesté. Dans tous les cas, et au pis du pis, il s’agit de croiser l’épée un instant, car j’ai fait présenter mes compliments, et au fond il ne peut y avoir que moi d’offensé par le refus de les recevoir qu’on m’a fait chez l’archevêque. L’homme des écuries de mon père prétend que ces chevaux n’appartiennent pas à Son Éminence, qui ne s’en est jamais servi.

— Je te défends de donner aucune suite à cette affaire, reprit le roi d’un air sévère. Je te permets tout au plus de faire renouveler tes compliments, si chez Son Éminence on a le bon esprit de vouloir les accepter.

Deux jours après, l’affaire était bien